Acharnement thérapeutique

Ce dernier week-end de novembre, c’est mon sixième rencard avec Nina, le troisième en extérieur. Satisfaite de nos baises, beaucoup moins de la tournure plan cul de notre relation, elle a établi depuis peu une règle scolaire mais futée histoire de me faire voir plus loin que le bout de ma queue : une rencontre sur deux à l’air libre, l’activité choisie par l’un l’autre alternativement : resto, brocante, ciné, concert, verre…
Samedi 15h, je la retrouve donc à l’orée du Bois de Boulogne où elle m’a fixé rendez-vous.
- On va où ? Au jardin d’acclimatation ou aux putes ?
- Ton cœur balance, hein…
Quelques minutes de marche nous mènent devant la fondation Vuitton.

Conférence dansée

Nicolas Le Riche : Le Faune et moi

« Une après-midi… »

- Un spectacle ?
- Une variation sublimée du ballet « l’Après-midi d’un Faune » de Nijinski.
- Ah, le nom m’dit quelque chose…Et elle dure combien d’temps cette après-midi ?
- Le temps qu’il faut…
Quand on sort de l’auditorium il fait noir et froid, j’en profite :
- Ça gèle à pierre fendre ! J’t’invite à boire un grog ?
- Pourquoi pas si tu connais un chouette bar pas loin.
- J’pensais plutôt te proposer de passer à l’appart’.
- Tu connais la règle : t’es en désintox’. En sevrage. Et encore, modéré.
- À mon stade, c’est plutôt les soins palliatifs : cette mascarade changera jamais qui je suis, d’où je viens.
- Mais peut-être où tu vas…Avec qui…Et comment.
- Chez moi. Avec toi. En brêle.
- Sois pas lourdingue mon grand malade, sans quoi…
- …T’abrègeras mes souffrances ?
- Et les miennes par la même occasion. T’es une vraie plaie quand tu t’y mets.
- Bon, j’ai plus soif. J’te raccompagne ?
- Je vois. Non ça ira, j’vais m’débrouiller.
Rentré chez moi, je file m’allonger sous la couette, me sédate à grands coups de poignet et de paume lubrifiée. À l’instant de tout balancer, Nina m’extirpe de ma fièvre phallique en faisant sonner mon portable dont je coupe sitôt le sifflet. Tandis que les giclées affluent, son visage envahit l’écran, immobile, impassible.