Humour anglais

Saint-Pancras International ; terminus, tout l’monde descend. Ici Londres, où le ciel pisse à gouttes épaisses sur l’imposante arcade en verre qui surplombe la gare britannique.
Elle marche cinq bons mètres devant moi, sa valise roulante à la main, son petit cul bombé impeccablement moulé dans sa jupe taille haute rouge grenade. Tandis qu’elle s’éloigne toujours plus, je ressasse le moment passé, queue raide et coeur léger.
Le wagon bar. Assis face à la vitre du train, je bois mon café à petites gorgées, le regard perdu dans le vague du paysage qui file. À l’instant d’entrer dans le tunnel, un tapotement sur mon épaule. Elle s’excuse mais pense me connaître. Je lève le doute en déclinant nom et prénom, elle fait de même ; un béguin lycéen. On trinque au champagne histoire de célébrer nos improbables retrouvailles sous la Manche.
On évoque le passé, son œil frise ; on retourne au présent, son regard s’assombrit. L’Eurostar, c’est son lot bimensuel. Son trader de mari bosse à La City, elle encore en poste à Paris et en recherche de job à Londres. Elle déteste la ville, son climat, sa bouffe et sa foule. Désinhibée par les bulles Moët, sa lucidité se délite tandis que sa langue se délie.
- Et puis mon homme…The perfect gentleman…C’est pesant à la longue tu sais. Toujours à demander la permission avant de me sauter.
- Son côté british ?
- Certainement. Touchant mais ça donne pas envie, maugrée t-elle en finissant son fond de coupe.
Je me lève, lui saisis la main, elle résiste.
- Toi en revanche, t’es bien frenchy…Écoute, c’est pas une bonne idée. Et puis t’as de quoi t’protéger ?
- Non…
- Alors ?
- Une branlette aux toilettes…Ça nous rappellera le lycée.
Elle se marre et à son tour me prend la main, m’entraîne dans les gogues les plus proches, ceux pour handicapés. Elle me défroque et les yeux plantés dans les miens me masturbe avec minutie.
- Ça me rend nostalgique, pas toi ? Me lance t-elle d’une voix doucereuse.
J’éjacule copieusement devant son sourire satisfait. À peine le temps de me remettre qu’elle a déjà quitté les lieux, me laissant fute aux chevilles dans les WC XL.
Retour au quai de gare bondé. Perdu dans mes pensées pornos, c’est elle que j’ai perdu de vue. Quand je la retrouve dans la foule, c’est dans les bras de son angliche, au pied d’une imposante statue. Taillé dans le bronze, un couple de dix mètres de haut, enlacé pour l’éternité. Attenant, sous verre, un descriptif multilingue de la sculpture : « The Meeting Place / Les amoureux de St Pancras - conçue par Paul Day et destinée à évoquer la romance du voyage. »