Plaisir solidaire

Le portable sonne.
- Xav !
- Lui-même.
- Tu vas bien ?
- Bof, j’ai passé une sale journée…
- Et bien j’te propose une belle soirée : J’suis chez une copine là, on a envie de s’amuser à trois, passe !
- Ah ? J’la connais ?
- Non...
- Ah. Elle est comment ?
- Commence pas…Viens, on verra bien !
Quelques minutes plus tard, je roule pleins gaz sur le périph’, le museau fouetté par l’air encrassé. Aucune idée d’à quoi ressemble sa copine, j’aurais peut-être du insister.
Quand la porte de l’appart s’ouvre, je paie plein pot mon empressement : un boudin créole sur pattes. Fournie avec accessoires : lunettes à verres cul d’bouteille, breloques pendues aux oreilles et faux-ongles du plus mauvais goût.
- Ravi, Xavier, moi c’est Sabrina. Anne-So est dans l’salon ; j’vais faire un brin d’toilette et vous rejoins.
Sitôt seul avec Anne-Sophie, je grogne :
- Punaise, mais tu la sors d’où ?
- Bah c’est une collègue de travail, adorable…Et pulpeuse, tu as vu !
- Ah bah ça, pulpeuse…
- Bah quoi, elle te plaît pas ?
- Ben…Après deux-trois verres, peut-être…Là, à jeun, ça passe pas.
- Et bien pose-toi…Tout doux…J’te sers quoi ?
- C’qu’y’a d’plus fort ici…Oh et puis non, tourne-toi et remonte ta jupe, j’fais mon affaire et je repars.
- Quoi ? Sab’ va être déçue…
- …
- Bon, comme tu veux » conclut-elle en se retournant, à quatre pattes sur le canap’.
À peine ais-je sorti ma biroute que Sabrina fait irruption dans la pièce, saucissonnée dans une serviette de bain. Anne-So et moi restons figés.
- Déjà ? Coquins, vous auriez pu m’attendre !
- À vrai dire, je comptais pas m’éterniser…
Le regard de la métisse grasse s’assombrit.
- Je vois. Bon et bien je vais au lit. Je vous laisse le salon, amusez-vous bien.
Sitôt la porte de communication fermée, Anne-so se rassoit.
- Xav’, ça se fait pas…
- Bah quoi, j’allais pas m’forcer !
- Non, bien sûr…Mais du coup j’suis plus trop dans l’ambiance…
- …Solidarité féminine, c’est ça ?
- Voilà, oui…J’vais rejoindre Sab’ au lit. Tu peux rester un peu, boire un verre si tu veux. Claque bien la porte en partant.
À peine le temps de protester que me voilà seul dans la pièce. L’instant d’après, des gémissements étouffés traversent le mur.
Les garces.
Excité par les râles des deux colleuses de timbre, je sors ma queue, la branle puis éjacule dans la minute sur la banquette couleur choco du sofa.
Sitôt mon froc remis, je quitte l’appart, soulagé mais un peu vexé.