Arnaque à la nique

Du côté de la porte de St Ouen, je pousse la porte d’un foyer pour jeunes filles. À l’entrée, une black imposante, sans doute la gardienne du temple, semble plongée dans la lecture d’un torchon people. Je passe devant sa tête baissée sans demander mon reste et prends le premier escalier direction le deuxième étage, où m’attend mon coup tarifé. Je pousse la porte 213. Comme convenu il fait sombre. Je tâtonne jusqu’au lit, qu’une bougie bon marché à l’odeur écœurante éclaire à peine.
Je passe ma main sous la couette, une poigne ferme aussitôt m’arrête :
- Pas si vite, joli brun…T’as déposé l’enveloppe sur la table de nuit ?
- Pas encore, nan…Après ?
- Avant.
Irrité mais compréhensif, je fouille dans ma poche de blouson et lui tends l’oseille. Elle saisit rapidement le fric, y jette discrètement un œil histoire de s’assurer que le compte y est, le glisse sous l’oreiller et d’un sourire aussi faux que soudain relâche son emprise sur ma main.
- Vas-y mon grand, fais-toi plaisir ; pendant une heure, tout ça c’est pour toi » dit-elle en repoussant la couette.
Tandis que je lui bouffe les seins, elle attrape son portable.
- Hmm-oui-vas-y-c’est bon. J’envoie juste un texto, je coupe mon téléphone ensuite, promis.
Moins d’une minute plus tard, la porte de la studette vole :
- Iris, fais sortir ce type sur-le-champ ou c'est la police qui s'en charge.
L’Iris se redresse d’un bond et d’un air à peine consterné me lance :
- J’suis désolée…Le règlement…Comme j’t’avais dit, pas d’hommes ici…Une pensionnaire a dû baver…
- Et merde…Bon ben j’file…J’peux récupérer mon enveloppe ?
- Ah non mon chou, toute heure entamée est due.
- Hein ?
- C'est comme ça. Fille libérée, profession libérale...
La black costaude me fixe d’un regard furibard.
- J’APPELLE LES FLICS !
Je pige alors le manège des deux femmes mais rien à faire, l’arnaque est savamment montée et la loi contre moi. À défaut de tirer mon coup, je tire ma révérence dans un torrent d’insultes déversé dans les oreilles des carotteuses.