Jeu de patience

Lorsque j’entre dans le salon, la nana me briefe :
- Fais gaffe au puzzle en cours par terre ; mes mômes sont chez leur père pour le week-end, j’ai promis qu’on le finirait lundi soir.
« 3500 pièces » indique la boîte renversée. Du lourd.
Elle nous sert un rosé bien frais, pas du luxe par cette chaleur nocturne. Abruti par la moiteur ambiante, je l’écoute me narrer ses rencontres sur le site où nous nous sommes connus tout en lorgnant vers le puzzle incomplet dont j’essaie de deviner l’illustration. Quand mon regard revient sur elle,  je constate ses jambes décroisées, sa jupe relevée. Et l’absence de culotte.
- T’avais si chaud que ça… 
Je vais pour m’agenouiller entre ses cuisses, elle me stoppe net.
- Tu comptes faire quoi ?
- Bah…te lécher ?
- Je ne suis pas certaine d’en avoir envie…
- Pourquoi avoir décroisé les jambes alors ? tu savais bien que ta jupe allait remonter…
- Histoire d’être à l’aise, simplement.
- Bon…
- Fais pas cette tête…C’est compliqué une femme tu sais.
- …On poursuit le puzzle ? ça avancera tes gosses…
- L’idée me plaît !
Deux heures plus tard, à quatre pattes, elle pose la dernière pièce tout en me toisant d’un air de gamine pas peu fière.  Assis en tailleur derrière elle, je glisse lentement le majeur dans  sa fente. Tandis qu’elle se cambre à l’extrême, j’observe le puzzle achevé : un château de cartes.
Profitant des fenêtres ouvertes, une brise tiédasse s’invite et vient souffler son air humide.