A propos de pisse et du temps qui passe

Savoie en haute saison, une station de ski animée.
Première soirée, engueulade au dîner, elle quitte la table puis le resto. Resté seul au milieu de l’assistance gênée, je décide de poursuivre le repas jusqu’au bout. Dans la grande salle bondée, les échanges reprennent peu à peu. Au dessert, quelques paires d’yeux mange-merde furètent encore vers moi ; au moment de partir, tous ont le nez dans leur assiette.
Dehors de gros flocons flottent dans l'air tandis que ma nuit coule à pic. Demain, chacun mettra de l’eau dans son vin chaud histoire de rendre supportables les trajets télésiège et les fondues en tête à tête.
Tandis que je regagne l’hôtel via les rues boueuses verglacées, je croise une bande d’adolescents : ça braille et ça s’emballe. Ils passent à ma hauteur sans même m’apercevoir, saouls de jouissance et d’insouciance ; l’un d’eux glisse sur la route gelée, rigole et se relève aussi vite qu’il s’est rétamé.
Un peu plus loin, je m’engage dans une voie privée à la blancheur encore intacte, chiale un bon coup et pisse à l’abri des regards. Tout en réfléchissant à ce qui me coupe  de ces mômes, j’observe la neige fondre à vue d’œil, le blanc virer au jaune.