Ava

Hiver, fin de journée. Dehors la nuit tombe à pic sur un Paris pluvieux aux passants détrempés que j’en viens à envier.
Depuis le canapé, je l’observe s’écouter parler, position en tailleur sur les lames de son vieux parquet. Derrière elle, trois lettres rose bonbec placardées sur une porte fermée.
- Ava…Ta fille ?
- Oui, ma gamine de 5 ans…Elle dort, t’inquiète.
Agacé pour de bon, j’opte pour une branlette.
- Tes toilettes ?
- Dans la salle de bain, après la chambre de la petite.
Du bout des boots, je traverse l’endroit endormi ; les effluves de linge propre manquent de me faire vomir mon vin.
Rebords de baignoire, lavabo…La salle d’eau déborde de jouets.
Cul nu sur le carrelage glacial et yeux soigneusement suturés, je branle ma queue compulsivement. Le corps raidi comme un cadavre, j’écarquille les paupières à l’instant de l’onde de jouissance et croise le sourire plastifié d’une Barbie dessapée.
Tandis que les giclées affluent, la porte s’ouvre timidement : majeur-index pointés sur moi façon pétard, une bambine à bouille chiffonnée me tient en joue. Le bas-ventre barbouillé de foutre, je lève mes bras perclus de crampes sous le rire cristallin d’Ava.