Grand Invalide Social

Fatigué de tourner sans fin sur le parking de plage bondé, je roule sur l’emplacement G.I.G.-G.I.C.* et me positionne au point mort. Deux-trois estivants déjà s’arrêtent à hauteur de ma vitre en me toisant d’un air que je devine mauvais derrière leurs lunettes noires ; je hoche la tête et leur adresse un signe de main assorti d’un sourire glacé.
Haut dans le ciel, un Bob l’éponge hilare flotte au vent. A l’autre bout du cerf-volant, je distingue un gosse et son père, tous deux semblent entourés par une mer d’huile solaire : des corps inertes, étendus, luisent à perte de vue. A leurs côtés, tels des icebergs, les glacières à demi plongées dans le sable attendent d’être pillées.
Le soleil cogne à plein rayons et pas l’ombre d’un parasol, tout bénef’ pour les visages en nage qui ne demandent pas mieux qu’une torride léthargie, histoire de tout oublier le temps d’une quinzaine sous UV.
D’un œil dans le retro central j’observe mon ombrelle en toile rouge, inclinée en travers de la banquette arrière.
Finalement sûr de mon bon droit, je coupe le contact et pars me fondre tant bien que mal dans le flot vacancier.

* Grand Invalide de Guerre – Grand Invalide Civil