Au psy

J’arrive avec un peu d’avance, la salle d’attente est vide.
Murs au tissu défraîchi, pile de revues périmées,  quelques bouquins à tranche jaunie d’auteurs "à lire" …Une vraie faille spatio-temporelle avec Freud au bout du voyage.
Mais avant de tuer le père, il va bien falloir tuer le temps.
Je sors mon plan RATP et m’amuse à survoler du regard les lignes de métro ; mon attention se fixe sur la n°4, Clignancourt-Orléans.
Je parcours station par station le tracé couleur prune, les arrêts défilent sous mes yeux qui butent sur Barbès-Rochechouart.
Des flashs m’assaillent : une passe à la hussarde au fond d’une arrière-cour d’immeuble sous l’œil qui frise, amusé, d’une gardienne soudoyée, une putain black agenouillée dans une cage d’escalier, histoire d’une pipe à la volée… Je vais pour lever le camp puis me raisonne : ici les kleenex sont fournis.
A contrecœur et déjà sévèrement fébrile, je reprends mon trajet visuel.
A Strasbourg-St Denis, c’est le bug. J’imagine une baise tarifée dans le confort douillet d’un studio équipé ; douche offerte, lingettes à volonté.
La reconstruction de mon moi attendra encore un peu ; sans bruit je quitte la pièce, et,  comme je viderais mon sac au psy, je pars vider mes couilles aux putes.