La collabobo

Petit deux-pièces, plein est parisien.
Sur le tapis taché on défait le monde en buvant son vin bio.
Strauss tourne en rond sur la platine, le diamant usé sillonne le vinyle comme si c’était sa dernière danse.
Elle a l’alcool mauvais et ma «  gueule de mec de droite » lui revient de moins en moins.
- J’ai jamais couché avec un facho et c’est pas ce soir que j’vais commencer.
Tourisme équitable, police de proximité, arrêt du nucléaire, polémique OGM…Tous les sujets concons y passent.
Elle me bombarde de questions-piège comme un raid de Stukas sur Londres, en bon maquisard démago je me faufile dans les bonnes cases. L’orchestre craquelle plus que jamais tandis que je m’écoute composer un magistral concerto de foutaises bobos.
- Tu milites pour ta bite là, non ?
- C’est que je suis un homme de convictions…
- …Et je respecte ça.
Elle me débraguette et me prend dans sa bouche.
Le disque noir crépite comme les flammes de l’enfer, Strauss entame le dernier mouvement.