Kindergarten Knock Out

Je pousse le petit portail vert.
Assise sur un des bancs, d’une main elle berce son nourrisson via de lents va-et-vient de  poussette. Elle m’aperçoit, signe de main, sourire éteint.
Pareil à un boxeur qui rentre sur le ring, je la rejoins sous les braillements des mômes du square. Le quart d’heure s’annonce sale.
En Bovary des bacs à sable, elle me parle de sa non-vie, de ses envies : du cul sauvage entre deux portes, des baises improvisées avec des porcs aux mains calleuses,  sentir qu’on bande non-stop pour elle.
Je l’écoute malgré moi, encaisse pleine tête ses confessions lubriques tandis qu’en haut d’un toboggan son ainée la cherche du regard, fière de ce qu’elle s’apprête à faire.
Le bébé se met à hurler. Elle  l’extirpe de la poussette, le prends contre elle et chemisier déboutonné le fait téter.
Sonné par ses aveux salaces, la vision de l’obus laiteux m’achève.  Ecœuré, excité, je  m’affale sur le banc et yeux fermés, dents serrées, m’assoupis au son de fredonnements et de bruits de succion.